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Des habitants de Montreuil-sous-Bois sauvagement matraqués.
Publie le jeudi 13 octobre 2005 par Open-Publishing6 commentaires
Le mardi 11 octobre, 8 familles vivant dans le Bas-Montreuil, passage du Gazomètre, ont été expulsées par les CRS. Simplement jetés à la rue avec 12 enfants.
Les précédents occupants de cet immeuble avaient été relogés en raison de l’insalubrité, notamment par la présence de plomb et les risque de saturnisme. Mais les services préfectoraux y ont de nouveau relogé des familles qui se sont faites arnaquées par le propriétaire, en payant un loyer et en ne récupérant pas le trop versé des charges. Les pouvoirs publics exigeant une mise aux normes, les loyers ne sont plus perçus à partir de 2002.
On ne peut donc pas dire simplement que ces familles squattaient un immeuble insalubre sans bail, dans un un flou artistique, comme on le laisse entendre du côté de la majorité municipale. C’est le bailleur qui était en défaut. Les familles ont depuis multiplié les démarches, sont munies de tous les documents prouvant leur bonne foi, ont été inscrites, aux listes d’attente de l’office HHL.
Les gens ont donc sauvé le nécessaire et se sont réfugiés dans le centre culturel de quartier. Ils ont été rapidement entourés de la solidarité des habitants voisins, ce qui a beaucoup touché ces familles.
Mais dans l’après-midi, un représentant de la mairie est venu prévenir les familles que des cars seront bientôt prêts pour les disperser dans plusieurs centres d’hébergement de la région parisienne, pour quelques nuits. Les familles ont refusé de quitter leur quartier et de perturber la scolarité de leurs enfants.
On n’ a pas attendu longtemps. Les CRS se sont rués dans le Centre, cassant les portes, mettant les locaux à sac, et frappant les gens aveuglément, y compris à l’extérieur, jusqu’aux terrasses de café. De nombreux citoyens paisibles sont été sérieusement blessés et sont à l’hôpital.
Les habitants du quartier sont traumatisés par cette manifestation de violence bestiale, et n’en finissent pas de raconter le déferlement de la meute dans leurs rues tranquilles. De la science fiction.
Les expulsés campent sur la place de la République, entourés de la solidarité des habitants du quartier.
Le Député-Maire Jean-Piere Brard n’a jamais été politiquement très fiable, habitué aux retournements de vestes, au clientélisme, sa seule ligne droite n’étant que lui même et sa carrière. Là, il a fait un grave faux-pas en faisant appel aux cogneurs de la CRS. On ne peut laisser passer : il doit reloger au plus vite les familles à la rue et s’excuser auprès de tous les habitants du quartier République.
Armand
Messages
1. > Des habitants de Montreuil-sous-Bois sauvagement matraqués., 13 octobre 2005, 09:44
Merci pour ce post.
Je suggère aux montreuillois qui n’admettent pas l’inadmissible, de ne pas lacher la pression sur la municipalité, par mails, par téléphone, par leur présence physique au square de la République et pourquoi pas dans les services du maire.
Mais aussi auprès des partis qui composent la majorité municipale pour que eux aussi se bougent et se bougent fort et tout de suite.
Ce qui est inacceptable hors de Montreuil l’est à Montreuil aussi.
Gérard Bochet
1. > Des habitants de Montreuil-sous-Bois sauvagement matraqués., 13 octobre 2005, 22:46
Je veux juste ajouter quelquechose à mon post de ce matin.
Il n’est pas question de se tromper d’ennemi : les responsables, les vrais, ceux qui prennent les décisions, ce sont les gouvernements actuels et précédents, qui ont cassés le logement social et qui aujourd’hui ont pour seul but de faire baisser,drastiquement et par tous les moyens, le coût du travail.
Montreuil subit comme les autres villes à dominante populaire (c’est à dire modeste, voir pauvre) les conséquences de cette politique et essaie dans la mesure de ses moyens et de sa volonté politique de gérer cette situation (il se passe aussi des choses pas mal à Montreuil , merci à Jean-Luc de le rappeler).
Ce qui est inadmissible c’est qu’il s’agit là d’une expulsion avec des gens qui se retrouvent à la rue sans relogement immédiat. Et qu’on (qui ? la préfecture, la municipalité ?) a utilisé pour ce faire des moyens d’une violence inouïe, comme Sarkozy l’aurait fait. Et que le maire se défile de sa responsabilité immédiate : combien y a-t-il de logements vacants (hors logement sociaux) connus à Montreuil, c’est à dire réquisitionnables au terme de l’ordonnance de 1945 ?
Gérard Bochet
2. > Des habitants de Montreuil-sous-Bois sauvagement matraqués., 13 octobre 2005, 16:39
Bonjour,
Je suis un "paisible habitant du quartier", militant de rien du tout, pas franchement anar, mais un peu préoccupé quand même par ce qui se passe autour de moi.
Eh bien oui, ce soir là, (je suis arrivé après la bataille, comme on dit),
j’ai vu "chez moi", près de Paris, dans une ville qui est presque le 21ème arrondissement de Paris, des hommes et des femmes en détresse, des mères qui essayaient de protéger leur enfant comme elles le pouvaient, de les rassurer, à une heure où ils auraient dû dormir paisiblement. Et qui en même temps essayaient d’organiser un coin pour dormir.
J’ai vu des enfants, avec un sourire inquiet, figé, apeuré. J’ai vu simplement des êtres humains, dignes, même pas en colère, qui essayaient de savoir comment ils allaient pouvoir se loger et qui sont pour l’instant dans un campement de fortune, dans un square au milieu de la ville.
Oui, la solidarité s’est organisée, chacun apportant ce qu’il pouvait, ne serait-ce que sa présence et un coup de main pour monter une tente qu’un autre avait apportée.
Ce soir là,
j’ai vu ce que je ne pensais jamais voir aussi près de chez moi.
Des enfants, des femmes, et des hommes, en train de s’installer comme des réfugiés.
Franchement, quand vous voyez une femme avec un nourisson dans les bras, au milieu de se désastre,
il y a de quoi se poser des questions ...
Quoi, on a vécu un séisme, un raz de marée, un ouragan ?
Non, juste la dure loi d’une société qui ne tourne plus rond, et qui n’est plus organisée pour accroître ou même assurer le bien-être et la sécurité de l’ensemble de ses membres.
Et la quand la presse s’en mêle, ça devient insupoprtable.
Les violences sont passées sous silence (ma femme a vu une femme flic brutaliser une femme qui portait un bébé dans son dos), et le Nouvel Obs, par ex, rapporte sans aucun recul, un extrait d’un communiqué de la municipalité :
L’immeuble appartenant à un propriétaire privé "est suivi par les services de la ville depuis 1997, date à laquelle la première intoxication par le plomb y a été dépistée", a indiqué la mairie de Montreuil dans un communiqué.
Il devait être réhabilité en 1999, et la mairie avait relogé à cet effet tous ses habitants, mais "l’immeuble libéré a été aussitôt réoccupé par des squatters amenés sur place par des personnes peu scrupuleuses de la santé des enfants", précise le communiqué.
Et je viens d’apprendre que le maire a fait imprimer (à nos frais, sans doute) un tract assez odieux qui est aujourd’hui dans les boîtes au lettres.
Voilà, une fois de plus ce n’est qu’un témoignage d’un citoyen lambda qui aurait préféré ne jamais voir ça. Et qui aimerait bien aussi que l’on parle de Montreuil autrement que pour stigmatiser la misère, la racaille et je ne sais quoi d’autre. Parce qu’il se passe aussi des choses bien et encourageante ici !
1. > Des habitants de Montreuil-sous-Bois sauvagement matraqués., 13 octobre 2005, 21:44
Bon, je me réponds à moi même, parce que je me rends compte que je n’ai même pas signé.
Je voulais donc vous prier de m’en excuser, et du coup me présenter un peu.
Je suis Jean-Luc, 43 ans, montreuillois de naissance et habitant à mi-chemin entre le square et les anciens logements des réfugiés.
Et comme d’autres, je suis aller donner le coup de main que je pouvais, mu plus par un vieux fond de charité chrétienne (ce que vous faites au plus petit d’entre vous, c’est à moi que vous le faites) et d’humanisme, que par militantisme. Je crois simplement que quelque soient les opinions ou les croyances de chacun,
il y des choses qui ne sont pas acceptables, et des détresses qu’on ne peut laisser sans aide.
Bonne Soirée à vous,
Jean-Luc
3. > Des habitants de Montreuil-sous-Bois sauvagement matraqués., 17 octobre 2005, 12:45
Des nouvelles rassurantes et encourageantes
Ce n’est pas encore tout à fait le soulagement pour les familles, mais depuis Samedi soir, ils dorment tous à l’hôtel, à Montreuil. Tout près de leur quartier. Les familles sont réunies et les enfants peuvent continuer à aller à leur école.
Reste que 3 célibataires devaient être accueillis dans un foyer qui est fermé à partir de 21h le soir, et que les occupants doivent quitter à 6 ou 7h (je ne sais plus exactement) le matin. Or ces hommes travaillent la nuit ... et donc dorment le jour. Et puis ils étaient "installés" donc ont des affaires ... Ils ont donc rejoint l’hôtel.
Cela dit, on peut se demander pourquoi une telle solution leur a été proposée, alors que leur situation était connue des autorités.
Ils ont obtenu 35 jours d’hôtel, peut-être plus si nécessaire. Et surtout l’assurance que des démarches allaient être engagées pour trouver des solutions durables. Des réunions de suivi seront organisées régulièrement.
Néanmoins, 2 familles dont les enfants étaient plus particulièrement fragiles (saturnisme ...) sont d’ores et déjà relogées définitivement.
Autrement dit, pour les autres,rien n’est réglé, et le représentant des familles l’a bien souligné. Mais ils ont accepté cette solution transitoire pour assurer un minimum de confort aux familles et aux enfants souvent très jeunes. Ils ont compris pendant les négociations qu’à ce stade là, c’est ce qu’ils pouvaient espérer de mieux.
Samedi a eu lieu une manif entre le quartier du bas Montreuil et la mairie. Nous étions peu au départ, mais la foule a grossi petit à petit. Des slogans fusaient, parfois excessifs, mais le plus souvent très justes.
Il n’empêche.
La manière dont ont été traitées les familles et les habitants du quartier lors des deux expulsions ne peut conduire qu’à une sorte de "radicalisation" des propos et des réflexions.
Honnêtement, je suis plutôt un citoyen paisible, pas franchement contestataire, et je dirais plutôt "légaliste" (hum, est-ce bien clair, ce terme ?)
Mais face à de telles (ex)actions de la part des forces de l’ordre, quand une société envoie des CRS suréquipés face à des femmes et des enfants qui ont cherché un refuge, comment ne pas petit à petit être amené à penser que l’autorité, l’état, les gouvernants, sont injustes.
Et finir par clamer des slogans réclamant des mesures que j’aurais sans doute trouvées exagérées il y a quelques mois.
Bref, l’essentiel est qu’aujourd’hui, tout le monde dort à l’abri. Et pour remercier les gens du quartier, les familles ont tenu à préparer un repas, Vendredi soir.
Les bananes aloko, c’est vraiment bon, merci à vous !
Et c’était vraiment bon aussi de voir de vrais sourire sur les visages des enfants, le lendemain matin, lorque tout le monde donnait "se donnait la main" pour démonter le campement.
Espérons que ça débouche vite sur quelque chose de concret et définitif.
Que des solutions humaines, enfin, soient trouvées.
j’en connais qui ont moins peur lorsqu’ils entendent une sirène dans le soir, en s’endormant...
Bonne Journée,
Jean-Luc
PS : Une réponse au communiqué insultant de la mairie a été posté par le comité de soutien :
http://infoblog.samizdat.net/page-2654.html
1. > Des habitants de Montreuil-sous-Bois sauvagement matraqués., 26 novembre 2005, 19:48
D’abord je suis d’accord pour dire que
– les responsables sont d’abord ceux qui organisent ce systeme qui vole le sud depuis tant d’années et qui cree une immigration massive
– ceux qui profitent du manque de logement social en france
mais justement, je remarque que le dal et certains militants LCR aiment bien faire chier les mairies cocos qui font pourtant beaucoup plus d’efforts que les autres sur le logement social...
Comme si les cas, vraiment scandaleux ok, donnant lieux a des actions, faisaient oublier l’ensemble des actions des cocos vis a vis des populations immigrées.
Est ce un calcul electoral, identitaire ? (on est plus a gauche que le pc puisqu’on met en avant les carences des municipalités pc)
J’ai rarement entendu parler de mouvements concernant des mairies de droite. Pourquoi ?