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LE COLLECTIF DE SOUTIEN AUX EXPULSES DU PASSAGE DU GAZOMETRE
Publie le mercredi 19 octobre 2005 par Open-PublishingLES EXPULSES DU GAZOMETRE EXIGENT UN RELOGEMENT DEFINITIF ET DES PAPIERS POUR TOUS !
Le mardi 11 octobre, la police a expulsé huit familles africaines des deux immeubles insalubres qu’elles occupaient depuis cinq ans après avoir payé pendant deux ans un loyer de la main à la main à un marchand de sommeil. Inscrites dès le départ comme demandeurs de logement HLM, ces familles ont multiplié en vain des demandes d’aide auprès des services sociaux de la mairie qui ont systématiquement refusé de les recevoir. Elles ont multiplié les courriers à la mairie et à la préfecture. En vain. Tous leurs enfants souffrant de saturnisme, la PMI recommandait leur relogement urgent. En vain. Après avoir refusé les trois nuits d’hôtel que la DDASS leur proposait aux quatre coins de l’Ile de France, ces familles, accompagnées d’habitants du quartier, ont alors occupé la maison de quartier Lounès Matoub, place de la République. Le soir même, à la demande de la mairie, les CRS défonçaient les portes et expulsaient violemment les familles, envoyant deux personnes à l’hôpital.
Le maire de Montreuil, Jean-Pierre Brard, a alors fait diffuser une lettre ouverte relative à l’expulsion et aux événements qui ont suivi. Cette lettre mériterait de figurer dans une anthologie du mensonge et de la calomnie.
La première de ces calomnies consiste à laisser entendre que les habitants du passage du Gazomètre seraient manipulés, qu’un « groupe de soutien » les aurait poussé à refuser l’hébergement temporaire proposé par la DDASS. Cette accusation est une calomnie pure et simple. Et elle se double d’un racisme tranquille qui déshonore son auteur. Si des Africains s’organisent en Collectif, s’ils revendiquent un logement décent, s’ils vont jusqu’à occuper un lieu public après avoir été jetés à la rue, c’est qu’ils ne peuvent qu’être « manipulés » par un groupe extérieur. Noirs et Africains, ils ne peuvent pas être assez intelligents pour penser et agir par eux-mêmes.
La réalité, c’est que de bout en bout, les habitants du passage du Gazomètre ont mené leur lutte de façon autonome, indépendante. Et ils y tiennent à cette indépendance ! Bien sûr, et heureusement, ils ont bénéficié de la solidarité de syndicats et d’associations, notamment des associations de parents d’élèves du quartier. Et, tout aussi heureusement, ils ont bénéficié de la solidarité active de dizaines d’habitants du quartier, venus spontanément apporter leur aide au moment de l’expulsion et plus tard, place de la République.
Deuxième calomnie, ce fameux « groupe de soutien » qui semble décidément obséder M.Brard, aurait ensuite « installé » les familles dans le centre municipal Lounès Matoub en vue d’une « occupation de longue durée. » Là encore, c’est un mensonge. Premièrement, ce sont les habitants du Gazomètre eux-mêmes qui ont décidé, une fois jetés à la rue, d’occuper un lieu public. Le plus proche, le plus évident, était la maison de quartier. Et pas pour une « occupation de longue durée » (il faudrait être idiot pour décider une chose pareille) mais tout simplement parce qu’il fallait bien aller quelque part, poser ses affaires, installer les enfants. En attendant une proposition de relogement digne de ce nom.
Toujours selon M. Brard, « La municipalité, après une longue tentative de médiation (?) a fait évacuer les liieux. » Nouveau mensonge !
En fait de « médiation », le maire a envoyé son directeur de cabinet menacer les familles : « où vous partez, en acceptant les trois nuits d’hôtel proposées par la DDASS, où on fait intervenir la police dès ce soir. »
Le mensonge se poursuit : « Certaines des personnes présentes sur place ainsi que quelques petites bandes organisées ont ensuite décidé d’affronter la police et de saccager le centre social. » Mensonge, car personne n’a « décidé d’affronter la police » ni de « saccager le centre social. » Les familles et les habitants du quartier venus apporter leur solidarité ont au contraire pris le plus grand soin du centre social. Bien sûr, il y avait les matelas et les sacs contenant les affaires personnelles, mais pas la moindre dégradation n’a été commise. Ce sont les CRS, intervenant brutalement vers 20h, qui ont défoncé la porte, bousculant la dérisoire barricade de tables et de chaises placée derrière. Un homme de 70 ans a eu deux côtes cassées, le nez et l’arcade sourcilière cassés. Un parent d’élève du quartier a eu une côte cassée.
Quant aux affrontements qui se sont déroulés ensuite rue de Paris, ils sont entièrement imputables aux policiers qui ont molesté des gens avant de les embarquer en direction du commissariat. Leurs amis, fort logiquement, sont allés réclamer leur libération et ont été violemment matraqués par les CRS. Ce soir-là, il ne faisait pas bon être Noir, rue de Paris. C’est ce qu’a dû se dire le malheureux consommateur sortant du Quick, ignorant tout de l’affaire, qui s’est fait tabasser par les brutes casquées. Un Africain a été conduit en centre de rétention.
Et enfin, touche finale : « La municipalité condamne fermement les agissements de ces petits groupes d’activistes violents pour qui l’expulsion des squatteurs n’est que prétexte. »
A ce stade, le nez de Brard-Pinocchio ne cesse de s’allonger. Car les « groupes d’activistes violents » n’existent pas, il n’y a eu que des affrontements spontanés à la suite de l’arrestation brutale d’un Montreuillois dont le seul tort était d’être Noir et d’avoir bruyamment manifesté son soutien aux expulsés du passage du Gazomètre.
A la différence du politicien menteur, ceux qui ont rédigé cette mise au point ont été les témoins directs des faits.
Brard ne sort pas grandi de cette affaire, où après avoir manié la matraque, il fait croire que c’est lui qui a été frappé. Nous ne l’oublierons pas.
Pour soutenir les expulsés du passage du Gazomètre à qui l’on n’a offert que trente-cinq jours à l’hôtel, sans aucune certitude, nous appelons tous les Montreuillois :
Venons nombreux exprimer bruyamment
notre soutien aux expulsés
du passage du Gazomètre,
Mercredi 19 octobre
à 18 heures devant la Mairie.
RAPPEL :
Nous exigeons que la mairie tienne ses engagements car tout indique qu’elle n’en prend pas le chemin :
– les célibataires ont été relégués dans un foyer pour SDF
– les trente-cinq jours d’hôtel promis ne sont pas financés.
Nous réaffirmons notre objectif : un logement définitif pour tous et tout de suite