Bellaciao
Nous sommes à un moment crucial de l’histoire...
Nous sommes à un moment crucial de l’histoire de l’humanité. Ou nous laissons le capitalisme poursuivre sa course folle ou nous nous attelons aux bifurcations nécessaires.
La bifurcation doit être globale
La bifurcation écologique devient de plus en plus pressante, sous les avertissements du GIEC. Le dernier rapport rendu public le 4 avril nous met au pied du mur : « Les trois prochaines années vont être cruciales pour les décennies à venir, nous sommes à la croisée des chemins pour garantir un avenir viable et conserver un monde vivable. » Mais ce qu’il est convenu d’appeler la « bifurcation écologique » est indissociable des bifurcations économique, sociale et politique.
Il s’agit de s’interroger sur l’économie que nous devons mettre en place pour satisfaire nos besoins essentiels tout en respectant les grands équilibres naturels. La question climatique domine par la brièveté de l’échéance mais elle n’est pas la seule : les préservations de l’air, de l’eau, des sols, des ressources biologiques sont aussi d’urgente nécessité. Les techniques et les modes de production, d’échanges et d’accès aux ressources sont à repenser totalement. Ce sont des principes opposés à la loi du profit qui doivent prévaloir dans la façon dont nous projetons notre futur et pensons notre action d’aujourd’hui.
Tous les peuples de la Terre ont un égal droit à la vie et à l’utilisation raisonnée des ressources naturelles. La mondialisation actuelle s’est constituée sous l’égide du capitalisme, et en fonction de ses besoins. Cet ordre du monde creuse davantage chaque jour les inégalités et rend le monde de plus en plus violent ; la recherche du profit rend le capital sourd et aveugle quant aux conséquences de sa consommation effrénée d’énergies et de matières premières, et de destructions des ressources naturelles en général.
Or la division internationale du travail, impulsée par les firmes multinationales, occasionne un absurde déplacement des composants et des produits finis d’un bout de la planète à l’autre, à la recherche du moindre coût humain et écologique. Cette division internationale du travail piège une part de l’humanité dans le sous-développement et l’autre dans la compétition et la régression sociale.
De ce fait les nations les plus pauvres sont cantonnées à quelques secteurs dont les populations ne tirent guère les moyens d’une vie décente. L’exportation des matières premières agricoles et minières ont souvent obtenues au prix d’un saccage de l’environnement définitif, ou tout au moins difficilement réversible. La migration est une autre exportation, celle de la force de travail ; les mandats envoyés aux pays permettent aux familles de survivre et de soutenir un minimum de circulation monétaire. D’autres activités peuvent apporter des ressources complémentaires, comme le tourisme ou des activités particulièrement polluantes menées dans les pires conditions.
D’autres pays ont une dominante manufacturière ; le capital y a déplacé les industries reposant sur la main-d’œuvre ; celle-ci est peu payée, peu protégée et la protection de l’environnement y est mal prise en compte.
Les pays les mieux dotés, et les pays « émergents » qui tentent d’entrer dans ce modèle, concentrent les activités « nobles » et donneuses d’ordre pour les pays tiers. Elles ne sont pas susceptibles de créer de l’emploi pour toute la population, dont une fraction importante navigue entre le chômage et les emplois de services peu reconnus.
Quelles ruptures ?
Quelles mesures de rupture avec le capitalisme sont à prendre pour que ces bifurcations essentielles puissent se concrétiser ? Tous les mouvements qui se sont opposés au capitalisme ont davantage visé les conséquences de sa domination, pour en limiter ses impacts, plutôt que de s’attaquer à ses fondements. Dès que les circonstances lui sont favorables, il reprend l’initiative pour annuler tous les contre-pouvoir qui ont pu lui être opposés. Cette réaction, appréhendée sous les vocables de libéralisme, néo-libéralisme ou ultra-libéralisme, ne cesse de s’approfondir, tout en rendant le monde de moins en moins viable.
A chaque grande secousse pourtant, un début de remise en cause de l’ordre capitaliste s’esquisse, mais n’est guère poursuivi dans son prolongement logique et s’oublie rapidement. La grande crise de 2007-2008 avait mis en lumière le rôle de la création monétaire : au service de la finance prédatrice ou de l’intérêt général ? La pandémie a permis de soulever le rôle de la propriété intellectuelle liée aux brevets sur les vaccins. Mais cette question de la propriété intellectuelle est bien plus large : la détention des brevets, donnant lieu au versement de royalties pour leur exploitation, est plus importante pour les multinationales que la propriété des usines et des machines pour capter la plus value.
L’impact de la guerre en Ukraine met en exergue le choix de direction à prendre entre la bifurcation et la fuite en avant, pratiquée par les gouvernements. Ces impacts ne font d’ailleurs que renforcer des tendances déjà à l’oeuvre, amplifiées par les « secousses » précédentes. Les pénuries devraient nous inciter à réfléchir à une réelle politique de relocalisation. Les prix des productions alimentaires se renchérissent : il est plus que temps de changer de modèle agricole. L’orientation actuelle est toujours de promouvoir une agriculture et un élevage de plus en plus industriels, dépendant d’engrais, de pesticides...importés, qui compromet la qualité des sols et les ressources en eau. Pour compenser le manque à gagner des agriculteurs, il est même autorisé de remettre en culture les jachères destinées à préserver la diversité biologique. Il est plus que temps de renoncer aux mesures qui privilégient les grosses unités industrialisées -autorisation des « mégabassines », subventions à l’hectare...- et de favoriser une autre agriculture, basée sur des pratiques respectueuses de l’environnement, en autres en facilitant l’accès au foncier des jeunes agriculteurs, et en bloquant le processus d’artificialisation des terres agricoles par leur transformation en entrepôts ou en centres commerciaux. De même pour la question énergétique : les solutions déjà à l’oeuvre ou prévues vont totalement à l’encontre de la lutte contre le changement climatique : importation du gaz de schiste, américain, réouverture des centrales à charbon… Ne serait-il pas temps de repenser tout notre rapport à l’énergie : pour quels usages, et comment nous la procurer ? Enfin la guerre en Ukraine nous confronte à notre conception de la solidarité : le nécessaire soutien au peuple ukrainien ne doit pas nous faire oublier les autres agressions dans le monde, dont la France peut être complice : n’oublions pas les ventes d’armes à l’Arabie saoudite utilisées dans la guerre au Yemen. L’accueil des réfugiés ne doit pas faire de tri : tous doivent être accueillis dans de bonnes conditions. Il reste intolérable que comme au Havre, des enfants dorment à la rue sans que cela soit un sujet ni pour la ville ni pour la sous-préfecture.
Il appartient à tous les citoyens, toutes les citoyennes de se saisir de ces questions.
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Vos commentaires
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# Le 30 juin 2022 à 05:02, par zorba
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Quel charabia pour que rien ne change en s’occupant du climat pour qu’un jour il fasse toujours beau. Complètement nulle cette NUPES.
# Le 30 juin 2022 à 09:45, par spartacus
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ha bon ? :
"Tous les mouvements qui se sont opposés au capitalisme ont davantage visé les conséquences de sa domination, pour en limiter ses impacts, plutôt que de s’attaquer à ses fondements."
Tous ? vraiment ? Quelle analyse profonde et juste !!
Marx et Lenine , Trostki, Bakounine connais pas !!