Bellaciao
Tant pis pour le sud.
Nino Ferrer (*) a toujours été pour moi un chanteur rigolo.
« Gaston y a le téléfon qui son, et y a jamais person qui y répon ».
Une façon très originale de ridiculiser les auteurs à rimes grandiloquentes.
Mais un jour, en écoutant une compilation de ses morceaux, je suis tombé sur « Désabusion », d’une telle mélancolie que j’ai eu du mal à admettre que c’était le même qui avait composé « Mirza », ou « Oh et Hein, Bon ! ».
Bien sûr il peut sembler un peu facile de découvrir qu’un clown cachait un écorché vif, c’est un gros cliché, je sais, mais concernant cet homme qui n’est devenu français qu’en 1989, cela m’a conforté dans l’idée que les génies étaient ceux qui faisaient des choses simples, et étaient toujours des personnes qu’on avait envie de croiser dans des bistrots.
Mais voilà, dans la réalité, c’était quelqu’un d’ombrageux, de triste, colérique et incompréhensible.
Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer quelle chanson il aurait pu écrire à notre époque.
La chanson « désabusion » est sûrement le titre que je qualifierais le plus de prophétique, mais encore une fois, il est trop facile de faire parler les morts.
Il n’aimait pas son époque, il ne comprenait rien aux yé-yé qui faisaient fortune en pillant le répertoire anglo saxon avec des adaptations stupides en terme de paroles.
Lui, il savait écrire, et d’ailleurs la preuve, c’est que souvent je me dis que telle ou telle de ses chansons, j’aurais pu l’écrire.
Sauf qu’il n’y avait que lui pour écrire de tels textes, et moi je refuse la fausse modestie, je suis jaloux à titre posthume de son talent.
Alors je vais juste essayer de jeter les première lignes d’une chanson qui ne verra jamais le jour :
« Buvons debout ».
Cela raconte l’histoire d’ivrognes qui un jour apprennent que désormais, il ne sera autorisé de boire dans les bars que debout, mais sur une seule jambe, avec le coude de la main gauche sur la bouche.
C’est trop de travail pour moi, mais je vous laisse imaginer le bide total que cela ferait.
Ceci dit, bonne gueule de bois annuelle.
Que vivent les alambics.
(*) Chanteur des années 70, qui s’est suicidé en 1998, alors qu’il était déjà complètement oublié du monde du spectacle.
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Vos commentaires
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# Le 30 décembre 2021 à 17:10, par Thomas
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Dans mon pays il y a un dicton qui dit qu’il faut toujours boire debout car c’est plus facile de s’assoir après que de boire assis ou il est très difficile de se lever après.