Cigéo : comme un début de gueule de bois ?
COMMUNIQUE COORDINATION CIGEO/BURE STOP
Les élus concernés par Cigéo/Bure se réveilleront-ils enfin ?
La Codecom des Portes de Meuse avait déjà exprimé son mécontentement : le projet Cigéo n’avancerait pas assez vite et les élus locaux se sentiraient abandonnés, mal récompensés pour tous leurs efforts et leur "service rendu à la nation". Pour la plupart des élus (Meuse et Haute-Marne confondus), abandonner une partie du territoire aux appétits de la filière électronucléaire, versus déchets, mérite beaucoup de contre-parties... financières principalement. Il en faut toujours plus, les 2X30 millions d’euros annuels et les 150 millions d’euros du Plan de territoire ne suffisent plus. Et ils réalisent un peu mieux ce qu’implique le piège amorcé dans les années 1990 : le "labo" qui devait n’accueillir aucun déchet radioactif pourrait se transformer en un énorme chantier BTP avant un ballet incessant de convois de déchets radioactifs.
Le département de la Meuse s’y met aussi
Le Conseil départemental vient de signer une motion pour interpeller l’Etat et lui rappeler son existence.
Une grande crainte : que ce soient les contribuables qui paient -en partie- le développement des infrastructures préalables à la construction de Cigéo. "Les fonds du GIP sont loin de pouvoir permettre la réalisation de l’aménagement d’infrastructures très lourdes" (Est républicain, 02/04/2022)1.
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tiré la sonnette d’alarme. Les collectifs d’opposants, citoyens et élus locaux opposés à Cigéo ont dès l’origine pointé les lourdes conséquences de l’accueil imprudent du projet de poubelle radioactive géante.
Cigéo commencerait par une soi-disant phase de tests grandeur nature, la phase industrielle pilote, une façon déguisée d’implanter les principales installations de Cigéo sur le territoire, et les aménagements préalables nécessaires tels déviation et renforcement des routes, implantation d’un poste RTE, création de voie ferrée, etc. L’Etat via la préfecture a fait miroiter les avantages - grossiers- de la mutualisation des équipements liés à Cigéo pour la population au travers d’un Plan de développement du territoire dont la 1ère phase est toute entière dédiée à Cigéo. Les départements, piégés, devront d’ailleurs mettre la main à la poche, et c’est bien ce qui les inquiètent. Peur de voir les habitants se révolter ? : "L’acceptation par les élus et les habitants se trouve, à ce jour, ternie par plusieurs facteurs techniques et financiers inhérents à l’avancement du projet."
Par ailleurs, l’utilité publique et l’opération d’intérêt nationale (DUP et OIN), en attente de décrets, sont des dispositifs qui vont restreindre fortement la liberté d’entreprendre et de développer quoi que ce soit sur la zone de 6000 hectares concernée par l’implantation de Cigéo.
Cerise sur le gâteau, nul ne sait si Cigéo sera autorisé un jour et quand
Alors même que le projet de stockage des déchets radioactifs sous Bure fait l’objet de toujours plus de réserves, confirmées par l’ASN, par l’Autorité environnementale et par divers expertises indépendantes, l’Andra prévoit de déposer une demande d’autorisation de création (DAC)
en 2022. Elle promet d’apporter alors toutes les réponses aux immenses incertitudes2 qui demeurent. Un effet d’annonce pour rassurer une filière industrielle qui prévoit de construire de nouveaux réacteurs alors que nul au monde ne sait que faire de ces déchets mortifères ?
Flagrant délit de greenwashing
Le département de la Meuse vient de lancer une grande campagne pour attirer de nouveaux habitants. L’agence "Meuse attractivité" 3 a concocté une offre clé en main "Bienvenue en Meuse" : emploi, loisirs, patrimoine et immobilier. Selon L’Est républicain (04/04/2022)4, " 400 personnes se sont inscrites pour cette immersion." Treize personnes viennent d’inaugurer la formule. Etaient prévus la visite de Verdun et Bar-le-Duc versus commodités et patrimoine, une balade au Vent des Forêts, un tour par une ferme pédagogique, les vignerons des Côtes de Meuse et les producteurs de mirabelle, etc. Il semble bien que la visite du "labo" de Bure et son exposition actuelle sur les abeilles aient été soigneusement évitées. Les participants ont exprimé leur satisfaction : "Venez vivre en Meuse", concluent-ils. Les interviews filmées, sur fonds de caquètements et chant du coq, ne manquent pas de piquant. Une personne qui pourrait quitter Paris est charmée par un cadre de vie plus sain, une autre se sent paisible et joyeuse et se projette dans une vie en Meuse. QUI va les prévenir de la monstruosité du projet sans équivalent qui se prépare dans ce cadre idyllique ?
Un autre projet est encore possible
L’attractivité et le développement pérennes du territoire ne passent pas par un projet mortifère. Le chantier Cigéo sera un gouffre en matière de consommation de matériaux de construction, d’artificialisation des sols, de pollutions en tout genre. Il aura des impacts irréversibles sur la ressource en eau. Parmi les projets "annexes" à Cigéo, en plus d’une nouvelle gendarmerie aux dimensions importantes à Gondrecourt, un projet de construire des bâtiments à 10 millions d’euros au sein des locaux de l’Andra pour figer la présence des 80 policiers sur les décennies à venir. Soit 125 000 euros par policier pour ce bâtiment. Avec le projet Cigéo vient la tension permanente sur le territoire, la surveillance et les contrôles intrusifs. Comment peut-on voir cela comme positif pour les habitant.es ?
La désertification et l’anxiété sont le corollaire de l’installation d’un gigantesque dépôt atomique supposé s’ancrer en Meuse/Haute-Marne.
L’avenir passe par une mutation complète des idées, pour préparer un avenir en adéquation avec les défis environnementaux qui arrivent : moins de gigantisme, plus de sobriété, des projets locaux à taille humaine... Quand les élus locaux vont-il enfin ouvrir les yeux, et arrêter de décider tout et n’importe quoi au nom d’une population en cruel déficit d’information ?
1- https://www.estrepublicain.fr/environnement/2022/04/01/le-departement-mecontent-de-l-accompagnement-a-bure
UN NOUVEAU RISQUE RÉVÉLÉ récemment sur un reportage ARTE
2 - https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/meuse/bar-le-duc/meuse-un-documentaire-d-arte-evoque-un-risque-en-cas-d-incendie-generalise-lie-au-sous-sol-argileux-de-bure-2515236.html
https://www.francebleu.fr/infos/environnement/projet-de-stockage-souterrain-de-dechets-radioactifs-a-bure-le-risque-d-incendie-est-il-sous-evalue-1648823125
3 - https://www.facebook.com/MeuseAttractivite/
4 - https://www.estrepublicain.fr/societe/2022/04/03/venez-vivre-en-meuse-dix-familles-en-immersion-pendant-48-heures-pour-envisager-de-s-y-installer
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Vos commentaires
# Le 7 avril 2022 à 10:33, par spartacus
""L’avenir passe par une mutation complète des idées, pour préparer un avenir en adéquation avec les défis environnementaux qui arrivent : moins de gigantisme, plus de sobriété, des projets locaux à taille humaine..."
Fort juste, mais la question , la vraie , c ’est que faire des déchets déja là et ceux à venir ?
Car apres toutes ces revendications justes la montagne de radioléléments est là , alors qu’en faire.
J’ai le malheur d’habiter à moins de 80 km de deux centrales nucléaires et les dechets sont plus qu’un probléme .
Deux solutions en ce moment et pas dans 1 siecle, la Hague en fait quasi en plein air ou à Bure à 500métres en sous sol.
C’est l’un ou l’autre , aucune autre solution en vue à l’horizon d’une génération au moins .
Alors laquelle ? ces opposants disent non à bure, alors donc on reste sur la Hague .
impossible elle sature .
on refait une autre la hague ?
Aucune réponse n ’est donnée par ces opposants.
à moins de 80 km de deux centrales nucléaires, je suis trés concernés par le traitement de ces déchets ;
Alors j’ai lu , mais pas avec le biais d’autoconfirmation, non j’ai lu des deux cotés et des dizaines,et des dizaines d’heures, pendant des mois et des mois.
Entre ces deux solutions qui ne sont pas mais alors pas du tout à mon goût, je suis bien obligé d’en choisir une, sinon quoi ? on laisse des déchets dans une décharge publique ?
la moins pire pour moi aprés ces dizaines d’heures de lecture, c ’est l’enfouissement .Si les opposants proposent une meilleure solution que les deux existantes, je prends .
# Le 8 avril 2022 à 23:47, par la forêt de Yablokov
il n’y a pas de solution avec le nucléaire, c’est une impasse. nous sommes tous à portée de la contamination radioactive, pas seulement de "proximité" :
https://savoie-antinucleaire.fr/2022/03/23/nucleaire-derriere-la-pluie-de-sable-du-sahara-leffet-boomerang-algerien/
On s’en prend dessus depuis 60ans par la bande à Mesmer qui continueront de tuer et de rendre malade alors qu’ils sont morts depuis longtemps et condamnent leur propre descendance. Et chaque année les feux de forêts de Tchernobyl et autres sites contaminés refont une distribution automatique pour tous.
Discuter des déchets ne doit pas faire oublier que nous sommes toujours sur le coup d’une roulette russe : l’accident ou la guerre ; l’imposture est aussi rappelée ici : https://reporterre.net/La-guerre-en-Ukraine-enterre-le-mythe-du-nucleaire-civil
et pour en revenir à la Hague ou Bure ; comme si il n’existait pas assez de sites contaminés sans en rajouter ; on doit sauver ce qui reste à sauver, Bure est un territoire à sauver à défendre. La Hague sature ? Il y a au Havre un type impliqué avec sa collègue dans une affaire à 2,5 milliard (Uramin Voir l’ouvrage "les prédateurs" De Denis Robert et sa collègue) par exemple. Ils sont malins les nucléocrates pour faire du détournement de fond pour Areva , de Taxonomie pour T.Breton d’ATOS,de média pour Jancovici etc. il faut leur remettre les déchets dans les dents.
Arrêt immédiat ou ça va péter.
Ceci dit pour "seulement" les déchets, la plus grosse bêtise est de les enfouir en profondeur ( Cf mines ASSE Allemagne, et US) alors qu’ils doivent être accessibles à tout instant. Et les "intervenants" y perdront leur santé de toute façon comme les précaires du nucléaire et beaucoup d’autres dans les vents dominants.
RdV donc à Bure surnommé aussi le "Centre culturel Gérard Longuet"
# Le 10 avril 2022 à 09:41, par spartacus
Ainsi quelle que soit notre position sur le nuk, la question des déchets divise aussi.
La préference de la solution en surface impose de faire "la Hague 2" puisque le site sature .
Mais les opposants à Bure refusent de le dire. C’est compréhensible mais pas honnéte, les populations doivent savoir les propositions des uns et des autres.
Devant deux solutions aussi problématiques, mais nécéssaires héla, c ’est à la population de décider par une consultation .
Aucun état, aucun parti ne doit décider pour le peuple.